En Suisse, le sucre blanc est une denrée précieuse, bien protégée. Son marché est très restreint et en tant que petite épicerie, il n’est pas facile d’y accéder.
Une fois récoltée, la betterave sucrière dont il est issu, est transformée en sucre puis est distribué par une seule et unique entreprise, Sucre Suisse AG à Aarberg que nous avons contacté il y a quelques temps. Par mail, ils nous ont fait savoir qu’ils produisent et fournissent exclusivement l’industrie alimentaire et les grandes surfaces. Commande minimale : 25 tonnes par an. Évidemment les P’tits Pois que nous sommes n’avons pas le débit suffisant. Mais l’entreprise bernoise, décidément très avenante, nous propose une solution simple. Elle nous invite à prendre contact directement avec leurs clients, Migros, Coop ou Aligro. Difficile à entendre quand notre modèle d’épicerie est justement de ne pas devoir passer par la grande distribution.
Les alternatives ? Malheureusement il n’en existe pratiquement pas. Il y a évidemment d’autres types de sucre, brut ou de canne, aux provenances diverses, mais pas pour le sucre blanc. Alors que faire ?
L’une de nos coopératrices, qui est en contact avec plusieurs producteurs dans le monde de l’agriculture en Suisse, propose de prendre contact directement avec un producteur de betterave sucrière, qui plus est, en culture Bio. C’est une chance pour nous, car le sucre blanc Bio est encore très rare en Suisse, puisque la Coop, en tant qu’investisseur unique, en est la seule bénéficiaire.
Enfin presque, car la poignée d’agriculteurs qui cultivent cette denrée en Bio, peuvent récupérer une petite partie de leur produit une fois transformé pour la revente à la ferme. C’est par ce biais que nous avons pu établir un partenariat avec la ferme Bauer Fritz dans le canton de Lucerne. C’est avec beaucoup de joie que depuis quelques jours, nous pouvons proposer un sucre blanc, Bio et Suisse à prix très avantageux.
Finalement tout va bien ?
Oui mais, le fait qu’une denrée locale de base soit à ce point protégée et réservée à quelques grands revendeurs me laisse perplexe. Cet épisode démontre à quel point l’alimentation est un marché complexe dans lequel nous devons trouver notre chemin pour encourager une consommation et une production alternatives et responsables, de sorte à participer à un changement progressif des rapports de production.
Adrien
Février 2024